En quoi la RQTH est-elle utile ?
La Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) est pour un Responsable des Ressources Humaines (RRH) un moyen qui va ensuite permettre de réfléchir à des leviers favorisant le maintien en emploi du salarié.
Grâce à cette reconnaissance, des financements deviennent possibles :
- Pour les grandes entreprises ayant leur propre budget dédié au maintien en emploi de personnes en situation de handicap,
- Pour les autres entreprises ne disposant pas de budget propre, qui peuvent alors avoir accès à des aides de l’Agefiph.
Ces financements peuvent être utilisés notamment pour :
- Une étude de poste avec des préconisations d'aménagements physiques et/ou organisationnels à mettre en place pour que le /la salarié(e) puisse continuer à travailler dans des conditions satisfaisantes sur le plan de sa santé ;
- Un bilan de compétences : en cas d’inaptitude au poste de travail, il permet d’identifier des pistes alternatives à l’emploi actuel ;
- Des aménagements techniques, de l’achat de matériel.
Quels sont les freins à la demande de RQTH ?
Au niveau de la personne concernée
Les freins viennent souvent de la personne concernée elle-même.
Pierre Vidal Naquet (réf biblio [1]) , dans le cas du handicap psychique (et donc invisible), souligne que "le statut de handicap est souvent vécu "comme un véritable stigmate [...] il fait passer la maladie de l'espace privé à l'espace public"
De fait, en faisant quelques recherches pour écrire cet article, la première formulation indiquée par le moteur de recherche était « RQTH avantages et inconvénients ", correspondant à des questions posées par des personnes hésitant à faire cette demande : une internaute demandait s’il y avait un risque pour faire une demande de crédit en ayant la RQTH … alors que ce n’est pas la RQTH, mais les problèmes de santé éventuels de la personne, et sur lesquelles elle sera interrogée par sa banque qui peuvent être considérées comme incompatibles avec l’obtention du crédit.
Un salarié peut aussi y voir un obstacle possible à son employabilité… alors que d’une part elle n’a aucune obligation de la mentionner à son employeur, d’autre part les entreprises se doivent d’employer un certain quota de personnes en situation de handicap.
Il peut aussi penser que le seul intérêt sera pour l’employeur qui ainsi touchera une indemnisation… ce qui est une contre-vérité ; cela peut éventuellement lui éviter de payer l’amende à l’Agefiph s’il n’atteint pas le quota de personnes employées en situation de handicap.
Ainsi, beaucoup d’idées fausses circulent, qui obligent les acteurs des services de santé au travail et les responsables des ressources humaines à faire un important effort de pédagogie pour expliquer à un salarié l'intérêt de faire cette demande.
Des freins liés à la représentation sociale du handicap
Anciennement dénommé « COTOREP », le statut de Travailleur Handicapé souffre dans notre société d’une image négative, liée à la représentation des personnes handicapées.
Au cours de l’histoire différentes logiques autour du rapport aux personnes handicapées se sont succédées (Cagnolo, 2009), dont certaines établissent une frontière entre les personnes handicapées et les autres : la logique d’exclusion de la société, la logique paternaliste, plus bienveillante mais qui n’a toutefois pas vocation à rendre le sujet autonome.
Le handicap est également systématiquement associé au déficit : c’est une personne qui ne peut pas marcher, ne peut pas penser ou réfléchir, etc.
Enfin, la vision du handicap est souvent restrictive : quand on pense handicap on pense souvent fauteuil roulant, troubles mentaux ... Seule une partie des situations fait ainsi partie de l'imaginaire collectif, alors que des situations variées et souvent de handicap invisible peuvent donner lieu à une RQTH (cf. article RQTH 2/2).
Références :
[1] http://www.handipole.org/IMG/pdf/qu-est-le-handicap-psychique.pdf
[2] Cagonol, MC. (2009). Le handicap dans la société : problématiques historiques et contemporaines. Humanisme et Entreprise, n°295, pg 57 à 71. Consultable sur https://www.cairn.info/revue-humanisme-et-entreprise-2009-5-page-57.htm