QVCT et accompagnement des changements

Après de premières expériences d'accompagnement d'organisations à la mise en place d'une démarche QVT / QVCT, je constate  :

- que la mise en place de cette démarche nécessite un accompagnement méthodologique afin de bien la structurer, conformément aux recommandations de l'ANACT, gage de son efficacité et de sa pérennité

- qu'une fois les bases posées,  le rôle de l'accompagnant est de laisser travailler la structure au maximum en autonomie, tout en s'assurant régulièrement que la démarche va dans le sens souhaité au départ, et se pérennise.

Rappel sur ce qu'est une démarche QVT / QVCT : les 3 fondamentaux

C'est une démarche qui vise à la fois le développement de la performance / qualité de service, et de la santé au travail / des conditions de travail.

Un ou plusieurs sujets peuvent être traités parmi :

  • le management participatif et l'engagement au travail
  • les relations au travail et le climat social
  • le contenu et l'organisation du travail
  • la santé au travail
  • les compétences et les parcours professionnels
  • l'égalité professionnelle

Enfin, la méthodologie est FONDAMENTALE : un des sujets ci-dessus uniquement par une direction seule, sans intégrer les salariés et les représentants du personnel, ne saurait être considéré comme une démarche QVT.

J'accompagne les organisations dans la mise en place et le pilotage d'une démarche QVT

Contexte pour rentrer dans une démarche QVT

Qui peut mettre en place une démarche QVT ?

Toutes les organisations, de la TPE au grand groupe !

C'est tout l'intérêt du caractère adaptatif de la démarche : la QVT n'est pas réservée qu'aux grandes entreprises, pour toute organisation quelle qu'elle soit les enjeux liés à l'amélioration de la qualité de service et les conditions de travail sont majeurs. Par exemple alors que certains secteurs peinent à recruter , la mise en place d'une démarche QVT / QVCT peut aider à trouver des solutions ... et rendre votre entreprise plus attractive.

Quand mettre en place une démarche QVT / QVCT ?

Les deux principaux éléments de contexte amenant une organisation à initier une démarche QVT sont :

- des dysfonctionnements (problèmes qualité, remontés clients ...), des signaux d'alerte en termes de santé physique et mentale (RPS, plainte des salariés, absentéisme... ), un climat social qui se dégrade

- un projet de changement : une fusion à venir, un déménagement ...

Comment se passe une démarche QVT / QVCT

Les acteurs impliqués

Les acteurs impliqués dans le pilotage de la démarche seront nécessairement : le dirigeant (d'une entreprise, d'une Business Unit ...), des représentants du personnel élus, des représentants de ceux qui organisent le travail (chef de production, cadre de santé ...). D'autres acteurs (RH, médecine du travail) seront également intégrés.

Les étapes de la démarche QVT / QVCT

C'est une démarche d'amélioration continue et itérative.

Ce n'est pas une démarche "en plus" : c'est une manière de résoudre les tensions et de mettre en œuvre les changements nécessaires dans une organisation.

  1. Préparation et cadrage : cette phase de fondation est très importante et peut prendre un peu de temps, mais bien réalisée c'est autant de temps de gagné ensuite. C'est la phase durant laquelle on partage une définition de la QVT, les enjeux et axes prioritaires (que veut-on améliorer ? Transformer ?) , et où l'on structure le pilotage et la communication aux équipes.
  2. Etat des Lieux : par rapport aux attendus, il s'agit de voir ce qui se fait aujourd'hui dans l'entreprise, ce qui existe, et ce qui manque, là où les équipes veulent aller. Il s'agit surtout de rentrer dans des situations de travail concrètes
  3. De l'état des lieux à l'expérimentation : sur la base de l'analyse de situations de travail concrètes et ciblées, des actions sont élaborées collectivement.
  4. L'expérimentation : il s'agit de mettre en œuvre les solutions élaborées, et de les évaluer sur la base de critères collectivement définis
  5. Pérennisation et diffusion de la démarche : une démarche QVT se lance au départ généralement sur un petit périmètre : il s'agit de voir comment étendre le périmètre, et surtout inscrire la démarche dans le temps.

Intérêt de la démarche

  1. Faire gagner vos collaborateurs en autonomie
  2. Développer la motivation et l'engagement au travail
  3. Avoir une meilleure remontée des problèmes et dysfonctionnements, plus réactive : agir en préventif plutôt qu'en curatif

FAQ

Qu'entend-on par accompagnement du changement ?


Définition de l’accompagnement d changement



Les transformations majeures actuelles du travail



Les changements organisationnels sont devenus omniprésents dans les entreprises aujourd’hui, quel que soit le secteur.



Par exemple la digitalisation est « le » phénomène de transformation actuel dans beaucoup d’organisations publiques et privées, mais ce n’est pas le seul, les mutations organisationnelles pour répondre aux enjeux concurrentiels sont aussi à l’origine de bouleversements profonds et continus.



Le changement transforme à des degrés divers les pratiques, les conditions de travail, l’organisation, le métier, la stratégie et la culture d’entreprise (d’après Autissier, D., Moutot, JM. (2016). Méthode de conduite du changement. Paris : Dunod). Selon ces auteurs, les projets de changement les plus courants en entreprise sont :



-          « Création d’un nouveau produit et/ou prestation ;



-          Changement de système d’information ;



-          Déploiement d’une nouvelle stratégie ;



-          Mise en application d’une loi ou règlement ;



-          Mise en place d’un nouveau système de gestion ;



-          Création ou modification de la culture d’entreprise »



Conduite du changement ou accompagnement du changement ?



Tout changement dans une organisation doit faire l’objet d’une conduite de projet et d’un accompagnement adaptés.



Selon l’approche structurelle de la conduite de projet (d’après Petit, F., Dubois, M. (2013). Introduction à la psychosociologie des organisations. Paris : Dunod.), « le projet est défini comme une démarche spécifique qui permet de structurer méthodiquement et progressivement une réalité à venir ».



On distingue parfois la conduite de projet et l’accompagnement du projet. Les anglo saxons (d’après Autissier, Moutot (2016) ne font pas la distinction et préfèrent parler de « change management ».



Si on fait la distinction, la conduite de projet de changement serait constituée des objectifs à atteindre avec des délais à respecter, et des moyens alloués. L’accompagnement du projet serait l’ensemble des actions pour aider les acteurs de terrain à s’approprier le changement (communiquer, former …).



Parfois l’analogie est faite avec la conduite d’un véhicule. Quand nous conduisons un véhicule, nous avons une destination, des moyens (la voiture, la route, les panneaux), des outils de mesure (les indicateurs du véhicule). Nous pilotons nos actions avec des méthodes éprouvés, nous sommes alors dans une situation de conduite de projet, de façon distanciée avec les autres acteurs du voyage. L’accompagnement ce serait par exemple un parent ou un moniteur qui conseille un jeune conducteur, le forme, etc. (d’après le blog du management).

Quels sont les avantages de l'accompagnement du changement ?


Quels sont les avantages de ce type d’accompagnement au changement ?



La prise en compte du facteur humain dans les projets de changement a depuis longtemps été identifiée comme un des éléments clés de réussite. Elle permet :



  • De favoriser l’adhésion et les évolutions de comportements,

  • De faire du changement l’opportunité de développer le capital humain et la santé au travail.



Favoriser l’adhésion, les changements de comportement et la gestion des conflits


Des expériences menées en psychologie sociale par Kurt Lewin dans les années 40 aux Etats-Unis, ont montré que les individus changent bien plus facilement leur point de vue et donc modifient leurs comportements s’ils participent à des groupes de discussion, et sont parties prenantes des prises de décision, que si le bien-fondé d’un changement leur est expliqué de façon uniquement descendante. Le groupe est ici un élément clé pour faire évoluer les comportements individuels.



Par ces échanges, on préviendra également l’apparition de tensions relationnelles, voire de conflits entre acteurs du projet et acteurs hors projet, collaborateurs et encadrement … On limitera aussi la propagation de rumeurs puisque les informations auront été partagées collectivement.



Contribuer au développement du capital humain et de la santé au travail


L’ergonomie est également motrice dans la prise en compte du facteur humain dans les projets de changement. Aujourd’hui de plus en plus d’ergonomes font partie d’équipes projet, pour concevoir de nouveaux locaux, de nouvelles lignes de production, etc. L’ergonome aide à prendre en compte le travail réel, les caractéristiques des opérateurs pour que le travail soit adapté à l’homme.



Pour aller plus loin, aujourd’hui les ergonomes travaillent sur la notion d’environnement capacitant : la santé au travail est considérée comme le résultat d’un équilibre entre l’utilisation des ressources physiques et mentales et la reconnaissance sociale qui en découle. Chaque axe du modèle correspond à l’une des trois possibilités de construction de la santé au travail :



  • Le premier axe a trait à la qualité de la mobilisation des ressources des agents 

  • Le second à la reconnaissance des efforts mis en œuvre par les agents

  • Le troisième axe s’articule autour des possibilités de progression des compétences



Être dans un environnement capacitant signifie être dans la « bonne » zone de ces 3 axes :









D’après Pierre Pavageau, Adelaide Nascimento et Pierre Falzon, « Les risques d’exclusion dans un contexte de transformation organisationnelle », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé [En ligne], 9-2 | 2007, mis en ligne le 01 octobre 2007



 



Afin que le projet de changement soit aussi un moyen de développer le capital humain, et de prévenir toute altération de la santé (le stress en particulier qui est souvent généré par les projets de changement) il sera intéressant d’analyser dans quelle mesure les opérateurs seront d’une part le temps du projet, et d’autre part dans la situation cible dans un environnement capacitant.

Conduite et accompagnement du changement


Pour de petits changements, faut-il prévoir une conduite et un accompagnement du changement ?



Un pilotage et un accompagnement du changement adaptés sont utiles dès qu’un changement est prévu ; par exemple il est toujours nécessaire de communiquer.



Ce qui changera sera le dimensionnement du chantier de conduite de changement (d’après Moutot, Autissier, 2016) :



  • La largeur du changement dépend de l’ampleur de la cible : nombre d’acteurs, de groupes et de sites concernés.

  • La profondeur du changement dépend de l’ampleur du changement : celle-ci peut être établie en fonction du degré de changement sur différents critères.



Les ressources nécessaires à la conduite et l’accompagnement du chantier de conduite du changement pourront être évalués en fonction du résultat de cette analyse.

Pourquoi impliquer les opérationnels dans les changements ?


N’est-ce pas à la direction de mener seule les projets de changement ? Est-ce que les opérationnels déjà mobilisés par la production ont vocation à être mobilisés ?



Oui il est nécessaire d’impliquer les opérationnels pour favoriser leur adhésion au projet  :



  • Le plus en amont possible, et en prenant en compte le travail réel pour éviter que des projets de changement ne viennent en collusion avec des réalités de terrain,

  • De la façon la plus régulière et la plus large possible, pour favoriser l’élaboration d’une représentation commune,

  • En confiant des responsabilités précises à certains opérationnels pour favoriser l’engagement dans le projet.



La direction doit s’assurer que les opérationnels ont les moyens de travailler sur le projet, engager des ressources complémentaires si nécessaire pour assurer la production. Cela n’empêche pas de faire appel à des conseils externes pour accompagner le changement, mais qui ne pourront rien faire si personne n’est impliqué dans l’entreprise sur le projet.

Comment choisir parmi les cabinets-conseils d’accompagnement du changement ?


Voilà un choix très dépendant de la culture d’entreprise, des habitudes de travail de la direction, de la taille de l’entreprise …



Je conseillerais d’en rencontrer à minima 2, par exemple un cabinet-conseil RH, et un cabinet-conseil en ergonomie, qui ont deux approches suffisamment différenciées.



Dans tous les cas il faut éviter :



  • Les cabinets proposant des solutions toutes faites, des kits « clés en main » ; un cabinet sérieux doit étudier votre projet, le contexte dans lequel il s’inscrit avant d’être force de propositions.

  • Les cabinets ne se centrant que sur le volet « communication » ; à minima la communication doit s’appuyer sur une analyse des freins et des résistances. Mais la communication seule n’est pas la recette de l’adhésion.

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