« Il n’y a rien à faire c’est une stressée de nature », « Le bon stress, ça c’est positif ! » … Le stress est passé dans le vocabulaire courant, mais souvent à mauvais escient. Dans ce premier article, je vous propose de faire le point sur les réactions de l'organisme dans les situations de stress.
Le stress n'est ni une maladie ni un trait de personnalité
Le stress se produit lorsqu’une personne se retrouve dans certaines situations. Lorsque nous sommes dans un contexte nouveau, avec des enjeux importants (passer un entretien de recrutement par exemple), que nous faisons face à un événement imprévu (un enfant qui traverse la route devant notre voiture …), nous pouvons potentiellement être en état de stress.
Aussi, nous sommes tous susceptibles de nous retrouver dans cet état, ce n’est donc pas un trait de personnalité qui ne concernerait que certains d’entre nous, ou une pathologie ; il sera à priori plus juste de dire d’une personne qui se retrouve en état de stress au moindre imprévu qu’elle est anxieuse, plutôt que « stressée » en permanence.
Le stress peut avoir des effets sur la santé, mais en lui-même ce n’est pas une maladie ; de plus on peut être en état de stress sans développer de pathologie (si la situation stressante ne dure pas comme on le verra plus loin).
Le bon stress et le mauvais stress n'existent pas
Ces notions ne sont scientifiquement pas valides. En revanche, le plus ancien modèle du stress développé par Selye dans les années 30 nous éclaire sur les différentes phases du stress, permettant de distinguer dans quels cas il est « normal » et sans conséquence sur notre organisme à moyen et long terme, et dans quels cas il peut avoir des conséquences sur la santé.
Le stress ponctuel ou stress aigu permet de réagir de façon appropriée dans les situations d'urgence
La phase d’alarme
La première phase du stress est dite « phase d’alarme » : c’est le moment où l’on vous annonce que vous allez devoir finir absolument de traiter un dossier avant la fin de la journée alors que vous pensiez avoir une journée de plus, ou bien vous êtes en train de randonner et un orage menace …
Au niveau physiologique, à cette phase l’hypothalamus active le système nerveux sympathique ; ceci déclenche la sécrétion de catécholamines, dont l’adrénaline et la noradrénaline. Il s’en suit une accélération du rythme cardiaque, avec une hyper oxygénation du cerveau et des muscles, qui sont prêts à réagir. L’organisme est en état d’hyper vigilance, toute l’énergie est centrée sur l'événement auquel faire face.
C’est un mode réactionnel centré sur l’auto préservation, adapté dans le cas d’une situation exigeant une réponse rapide.
La phase de résistance ou d’adaptation
L’état décrit ci-dessus est très coûteux en termes d’énergie pour l’organisme, aussi cette réaction est modérée grâce à l’activation d’un deuxième système, l’axe corticotrope, avec l’augmentation du taux de cortisol libéré par l’hormone CRH. Dans cette phase le taux de sucre augmente dans le sang ce qui apporte l’énergie nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau. Le cortisol a un effet apaisant, il modère la réaction de stress (auto régulation) et permet de retrouver un apport en énergie directement utilisable.
Si la menace disparait, la sécrétion de cortisol éteint la réaction de stress et ramène l’organisme à un régime de fonctionnement apaisé.
Le stress qui dure ou stress chronique peut avoir des effets importants sur la santé
La phase d'épuisement
En revanche, si la menace perdure (par exemple chaque jour on vous adresse des demandes au travail qui vous paraissent inatteignables), l’organisme est en sur régime, les récepteurs qui devraient réguler la production hormonale sont débordés, et le taux élevé de cortisol a des conséquences sur l’organisme qui puise au-delà de ses réserves. C'est la phase d'épuisement.
C’est à ce niveau-là que les impacts sur la santé se font sentir : les pathologies les plus courantes étant les maladies cardiovasculaires et les troubles gastro-intestinaux.
De plus, à cette phase, l’activation de l’axe corticotrope dégrade la mémoire épisodique et les capacités d’apprentissage.
Bibliographie sur le stress
INRS (2013). Le stress au travail. Ed5021.
Davezies, P. (2008). Stress et pouvoir d’agir : données biologiques. Revue santé et Travail, n°64.
Bruchon Schweitzer, M (2002). Psychologie de la santé. Modèles, concepts et méthodes. Paris : Dunod