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Psychologie du travail et droit du travail : différences et similitudes

J’ai accueilli Valérie Couret-Bares en stage avec moi et ai souhaité recueillir son point de vue sur mon métier, en faisant le lien avec son ancien métier de juriste.

Quelles similitudes vois tu entre mon métier de consultante psychologue du travail, et ton ancien métier de juriste ?

Travailler sur le dialogue social et le climat social

J’étais responsable juridique ; j’avais une grosse partie de mon travail sur les relations sociales : animer le CSE, et s’occuper du dialogue social. Cela nécessitait de travailler avec les RH, et de faire un gros travail sur les négociations. C’était un travail de chef d’orchestre entre ce que voulait la direction, et les instances. Faire avancer les sujets, être centrée surtout sur le climat social. J’étais multi casquettes (d’autres domaines que le droit du travail et les relations sociales) mais ce côté « couteau suisse » ne peut pas être géré sereinement à partir d’une certaine échelle.  Cela m’a permis de voir de nombreuses situations, c’était très enrichissant et diversifié. Cette diversité je la retrouve dans ton métier ; je ne me projette pas en tant que psychologue en faisant que de l’accompagnement individuel, ça ne m’irait pas, mais faire que de l’accompagnement collectif, ça ne m’irait pas non plus, je voudrais faire les deux !

S'adapter au contexte de chaque organisation

Autre point : dans ton métier il te faut le contexte, savoir ce qui dysfonctionne … et ton travail c’est d’analyser, de les alerter, pour qu’il y ait de la remédiation. Dans mon métier c’est ça que j’aimais aussi : pour mettre en place un accord Télétravail il faut le contexte, voir les équipes, comprendre l’existant, et le faire évoluer. J’aimais ce côté chef de projet. La limite, c’est que la régulation ne venait que par le droit du travail, et après j’ai découvert que la régulation venait en réalité par un travail sur l’humain, c’est ce que j’ai découvert dans le droit social. Le travail d’un juriste ce n’est pas de fournir un accord ou un contrat standard, pour ça il suffit d’aller sur internet ; la plus-value d’un juriste c’est de faire quelque chose d’adapté à la situation, du « sur mesure » donc il est nécessaire d’avoir des informations opérationnelles. Et en étant juriste, tu es parfois isolé, il faut rappeler que pour bien faire un accord d’entreprise, même un contrat de travail, il faut comprendre ou tu mets les pieds et ce que veulent les gens. Et c’est ce que je retrouve dans ton travail : il faut être nourri pour bien faire son travail, c’est ce que j’aimais et ce dont j’avais besoin pour bien faire mon métier et lui donner du sens.

Mettre en lumière l'écart entre le travail prescrit et le travail réel

Sur des accords comme le TT un juriste voit ou devine les écarts entre le prescrit et le réel, mais il ne peut pas en faire grand-chose. J’ai été interpellé par exemple lors de l’atelier A quand vous avez parlé des gens travaillant le dimanche alors que cela n’est pas prévu ni géré par l’entreprise. Mais en tant que psychologue du travail vous pouvez l’écrire. Alors que en tant que juriste, c’est vite sensible et ça peut freiner la réflexion sur la régulation. Vous dans votre métier vous pouvez prendre  une action de sécurisation, ne pas nier le réel. Yves Clot dit « le droit du T a un angle mort, c’est l’humain », cette phrase est éclairante et représente tout l’écart entre le travail d’un juriste, d’un RH et d’un psychologue auprès d’une organisation. Par exemple sur les RPS je constate l’écart entre la limite du cadre d’intervention du droit et la liberté d’analyse du psychologue ainsi que les impacts pratiques de son intervention.

Et autre lien bien sûr, l’entreprise, le CSE, je connais déjà, donc je comprends plus vite les enjeux, les organisations …

Merci à Valérie Couret-Bares pour ce partage, et pour ce stage très enrichissant pour moi aussi !

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