« C’est vrai qu’elle a plein de problèmes, mais elle en parle trop et au final même si on l’aime beaucoup on finit par ne plus avoir envie de l’écouter.»
« Moi j’aimerais pouvoir l’aider mais je ne sais plus quoi lui dire. »
Il m’est arrivé de croiser des équipes avec en leur sein une ou plusieurs personne(s) en situation de fragilité. Cela peut être une personne qui a un réel problème, de santé, ou social, mais une autre variable intervient dans la façon avec laquelle elle va partager ses préoccupations avec le collectif qui l’entoure : sa personnalité.
Il y a en effet des personnes qui gardent tout pour elle (et ce n’est pas une bonne chose), et puis d’autres qui à l’inverse partagent tout : problèmes personnels, mais également manque de reconnaissance au travail, insatisfactions …
Cependant chacun dans l’équipe a ses soucis, et même si les collègues comprennent qu’ils sont aigus pour cette personne, si les plaintes perdurent ils risquent de se lasser sans oser se l’avouer, voire d’être franchement agacés ou irrités par le comportement de la personne, et/ou par leur impuissance à trouver une solution.
Nous savons tous que le soutien social est précieux pour les personnes en situation de fragilité, aussi les collègues généralement ne souhaitent pas être abrupts avec la personne et ce n’est effectivement pas souhaitable. Toutefois cette situation qui peut paraitre banale n’est pas sans risque avec notamment :
- unrisque d’isolementpour la personne que l’on va essayer d’éviter,
- des risques de malaise pour les collègues qui se sentiront coupables par exemple de penser à leur charge de travail qui s’accumule pendant qu’ils écoutent la personne,
=> des risques de tensions relationnellesentre la personne et le collectif.
La première chose est de ne pas se sentir coupable en tant que collègue ! Ensuite ces situations sont délicates, complexes, il n’y a pas de « recette magique ». Toutefois elles nécessitent de ne pas rester en l’état, aussi même si les résultats sont incertains je vous propose ci-dessous une série d’actions que vous pouvez mettre en œuvre (si elles n’ont pas déjà été explorées) :
- Parmi l’équipe, identifier celui ou celle qui est le plus proche de la personne.
- Prendre un temps (déjeuner par exemple) pour échanger avec elle.
- Pour aborder le sujet « délicat », le meilleur axe est de dire « nous sommes tous affectés par ce que tu vis, mais nous ne savons pas comment t’aider. Sais-tu qui peut t’aider à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise ? ».
- Renseigner sur des personnes-ressources identifiées au préalable , et aiguiller en fonction des sujets :
- la médecine du travail, s’il y a un lien avec la situation de travail, et des troubles de santé ;
- l’assistante sociale, si les problèmes sont d’ordre socio-économique ;
- l’encadrement, s’il y a un lien avec la situation de travail ;
- vos connaissances à l’extérieur de l’entreprise : thérapeutes ou autres ressources qui pourront apporter un conseil.
- En fonction de l’évolution de la discussion, voyez s’il est possible de faire passer le message de l’équipe tout en restant bienveillant par exemple, « Nous risquons de nous sentir aussi en difficulté si nous nous sentons incapables de t’aider ».