Deux facteurs sont clés pour mieux faire face au stress au travail , qui relèvent tant de l'individu que de ce que l'organisation peut mettre en place : la préservation du pouvoir d'agir, et la recherche de soutien social.
La préservation du pouvoir d'agir
Que ce soit en laboratoire (expérience de Jay Weiss avec des rats dans les années 70, citée dans Davezies, 2008) ou en situation réelle, il a été démontré que le fait de pouvoir agir sur une situation stressante constitue un facteur majeur de préservation de la santé ; avoir la possibilité d’être actif, et ainsi d’avoir une part de contrôle sur la situation est essentiel. Plus largement, la possibilité de mettre en oeuvre ses compétences, de "mettre de soi" dans le travail, sont des facteurs majeurs de protection de la santé.
Au travail, on peut penser par exemple à la possibilité d’organiser sa journée de travail selon ses propres critères plutôt que de suivre un rythme imposé (tout en ayant la même quantité de travail et les mêmes tâches à accomplir), à la possibilité de prendre des initiatives. Ceci est possible à mettre en place, quel que soit le niveau hiérarchique : pour un manager ce sera plus "naturel", mais c'est au manager de laisser des marges de manœuvre à ses collaborateurs pour qu'ils puissent eux-mêmes décider et définir certaines caractéristiques de leurs situations de travail.
La recherche de soutien social
Le soutien social joue un rôle essentiel dans la préservation de la santé, de nombreux travaux sur ce sujet en font état. Chacun sait par exemple que l’isolement social a des conséquences qui vont bien au-delà du simple « ennui ».
Le soutien social peut être étudié selon plusieurs dimensions, nous nous attarderons ici sur le soutien social reçu, qui a été défini par House (1981, cité dans Bruchon-Schweitzer, 2002, p .330) et distingue 4 fonctions du soutien :
- Le soutien émotionnel : exprimer les sentiments que l’on ressent, comme la confiance, l’amitié, ce qui va rassurer la personne, l’aider à traverser des moments difficiles.
- Le soutien d’estime : rassurer une personne sur ses qualités, compétences, ce qui va augmenter sa confiance en elle quand elle craint que les exigences d’une situation n’excèdent ses ressources.
- Le soutien informatif : conseils, apports de connaissances pour aider à traiter certains problèmes.
- Le soutien matériel : prêt ou dons d’argent ou de biens matériels.
Le soutien émotionnel serait celui qui a le plus d’effet sur la santé. Une autre donnée importante est la pertinence du soutien apporté, notamment en fonction de la personne apportant le soutien : par exemple quelqu’un qui n’a aucune connaissance en médecine ne saurait apporter un soutien informatif à une personne malade. La disponibilité d'une personne est également essentielle pour qu'elle puisse être considérée comme source de soutien potentielle.
Si on applique cette théorie à la sphère professionnelle, on voit que les collègues, ou le management peuvent apporter ces différents types de soutien, en fonction des situations, et de la relation qu’ils ont avec la personne. L’individu peut aussi trouver du soutien dans la sphère amicale, familiale,ou auprès de spécialistes du soin (médecin, psychologue …).
Autres stratégies de « coping »
(D’après Bruchon-Schweitzer, 2002).
To cope with, signifie faire face. Les stratégies de coping sont les réponses et réactions que l’individu va élaborer pour maitriser, réduire ou simplement tolérer la situation aversive.
Ainsi un ensemble de stratégies englobant notamment la recherche de soutien social cité ci-dessus a été mis en évidence.
Une stratégie de coping peut prendre la forme de :
- Cognitions : réévaluations de la situation, élaboration d’un plan d’action …
- Affects : expression ou répression de la colère, de la peur …
- Comportements : recherche active d’informations, de soutien …
Une stratégie de coping est flexible, consciente, spécifique au problème rencontré et orientée vers la réalité ; en cela elle est différente des stratégies de défense.
Coping centré sur le problème
Stratégie qui vise à réduire les exigences de la situation et/ou à augmenter ses propres ressources pour mieux y faire face, par exemple :
- Négocier un délai pour payer une facture, faire une formation pour améliorer ses connaissances, rechercher des informations auprès de personnes-ressources ...
- Changer un mode d’organisation.
Coping centré sur les émotions
Tentatives de l’individu pour réguler (seul) les tensions émotionnelles induites par la situation :
- Minimisation de la menace, prise de distance,
- Réévaluation positive,
- Auto accusation,
- Évitement-fuite,
- Déni.
Certaines de ces stratégies peuvent diminuer le stress perçu, en revanche certaines sont contre-productives, voire dangereuses pour la santé. En particulier la « répression des affects » (déni, minimisation de la menace) constitue un facteur favorisant pour la dépression, et les états inflammatoires chroniques, les troubles musculo-squelettiques.
Des études scientifiques (Davezies, 2008) ont en effet montré que le fait de prendre de la distance en étant dans des situations de stress importantes (situation de guerre par exemple) génère d’autres types de troubles : des individus dans de telles situations, ayant une réponse émotionnelle distanciée, présentaient dans l’étude citée une sensibilité particulière aux maladies somatiques.
Bibliographie sur le stress
Davezies, P. (2008). Stress et pouvoir d’agir : données biologiques. Revue santé et Travail, n°64.
Bruchon Schweitzer, M (2002). Psychologie de la santé. Modèles , concepts et méthodes. Paris : Dunod